Tombeau de Mahmoud Darwich
Tu disais à la pierre inconsolée
Sur cette terre
Maîtresse de la terre
Il y a ce qui mérite la vie
Le sapin sourd à la prière
Le thym reclus aux frontières de l’oubli
Combien de murs
Combien de fils barbelés
Faut-il détruire pour confier à la colline
Ceux qui confisquent les oliviers
Et séquestrent la lumière
Sombrent dans la cécité du cimetière.
Dis ce que Bon te Semble.
Bis
Fais ton choix de lettres.
Assemble-les que naissent les mots,
énigmatiques et clairs, et la parole commencera.
Pose la rhétorique sur la métaphore,
la métaphore sur l’imagination,
l’imagination sur ses vœux lointains ,
le lointain sur le lointain …La cadence naîtra dans la mêlée des images singulières venues de la rencontre du réel et de l’imaginaire rétif.
Viens-tu d’écrire un poème ?
Non !
Trop ou peu de sel dans le vocabulaire,
un accident a peut-être perturbé l’équilibre de l’équation des ombres.
Un aigle est peut-être mort au sommet des montagnes. La terre du symbole s’est peut-être allégée
dans la métaphore et les vents l’ont violée. Elle est peut-être devenue lourde au plumage de l’imagination.
Ton cœur n’a peut-être pas bien réfléchi.
Ta pensée n’a peut-être pas ressenti ce qui t’ébranle.
La poésie est l’épouse du lendemain
et la fille du passé. Elle campe en un lieu mystérieux entre l’écrit et le dit .
Viens-tu d’écrire le poème ?
Non !
Qu’as-tu donc écrit ?
J’ai rédigé un cours
et j’ai abandonné la poésie
depuis que j’ai connu
l’alchimie du poème …
Je me suis retiré !
Mahmoud Darwich, Palestine
Ne T’excuse pas
Traduit par Elias Sanbar
Editions Actes Sud
Mahmoud en miroir & échos ,
Son humour, sa lucidité et finesse manquent .
Ses “peut-être ” m’ont inspiré un poème ?
Non !
Un texte en arabesques baroque qu’il me faut laisser mijoter, car ma pensée commence à ressentir ce qui m’ébranle …
Et je ne peux le remettre entre toutes les mains .
Si toutefois les mains aimeraient me lire…
Véronique C Chastelier