Le verre de thé
Rue de Shubra dans un café je me suis attablé
Le garçon m’a apporté un verre de thé
Absolument sans comparaison avec le verre de thé de la maison
J’ai vu passer un homme au crâne complètement rasé
Une fille avec un plat de fèves très léger
Et une femme toute de noir habillée
J’ai vu passer une voiture neuve
Où des visages apparaissaient complètement muets
Un jeune homme parlait à une fille sur le trottoir
À voix basse complètement, complètement terrorisée
Sur le trottoir d’en face l’étal d’un fruitier parfaitement bien rangé
Était complètement complètement noyé
Dans la lumière de ses néons un homme est passé
Qui n’était pas descendu de son vélo depuis des années
Et qui était très fatigué
Il est passé la tête baissée sans du tout pédaler
Le garçon a pris deux piastres de pourboire
Il m’a longuement regardé
Et a paru très très étonné
Abderrahman Al-Abnoudi (Égypte)
(« La mort de l’épouvantail » – Éd CTFE – 1985)