La Belle Ivresse

La paix

Des gâteux qu’on dit immortels,
Des louftingues en redingote
L’adorent au pied des autels
De leur ligue de patriotes :
Des écrivassiers de mon cul
En touchants mélos d’ambigu
Ou romances pour maisons closes
Nous chantent cette horrible chose :
La Guerre !

Oui mais, si nous avions la guerre,
Devant le feu, qui donc filerait comme un pet ?
Voyons les cabots de la guerre,
Foutez-nous la Paix !

Notre faux n’abat plus moisson
Sous nos marteaux plus rien ne vibre
Et nos cœurs gardent la chanson
Que lance au vent tout homme libre
Car nos mains dociles ont pris
Les divers outils de carnage
Pour au même plus bas prix
Même sale et stupide ouvrage

Un sou par jour !
Ohé ! Sur tout le chantier de la guerre
C’est pour un sou que l’on tuerait son frère
Un sou par jour ! …
En grève, en grève !… en grève et pour toujours.

Gaston Couté

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