Pour une jumelle qui n’a jamais eu de robe de soie

Peut-être
que je vis deux vies
une pour elle et une pour moi
et que je ne regarde jamais dans les miroirs.

Qui est la femme
qui monte à cheval
se coupe le visage avec ses bagues
joue au poker
chante Haendel et collectionne les pierres ?

Qui est la femme
qui aime les choses brisées mange des orchidées
qui ne dort ni ne rêve
et goûte la rosée et le sang ?

Qui est la femme
qui dessine les lignes de sa main
et cherche des balançoires ?
Qui est la demi-chance
du bréchet ?

il y a encore des sillons
sous mes côtes
là où elle se reposait contre moi.

Jennifer Clement

Traduit de l’anglais par Marie Evangéline Arsenault
In Un siècle de poésie mexicaine, Anthologie
Editions Ecrits des Forges / Le castor Astral, 200