Peut-être
que je vis deux vies
une pour elle et une pour moi
et que je ne regarde jamais dans les miroirs.
Qui est la femme
qui monte à cheval
se coupe le visage avec ses bagues
joue au poker
chante Haendel et collectionne les pierres ?
Qui est la femme
qui aime les choses brisées mange des orchidées
qui ne dort ni ne rêve
et goûte la rosée et le sang ?
Qui est la femme
qui dessine les lignes de sa main
et cherche des balançoires ?
Qui est la demi-chance
du bréchet ?
il y a encore des sillons
sous mes côtes
là où elle se reposait contre moi.
Jennifer Clement
Traduit de l’anglais par Marie Evangéline Arsenault
In Un siècle de poésie mexicaine, Anthologie
Editions Ecrits des Forges / Le castor Astral, 200
Bonjour
Merci pour ce poème magnifique, touchant, remuant.
Je me permets de vous en envoyer deux sur le même thème si cela vous intéresse.
Lucie Meunier
Bien sûr, envoyez.
Merci
Patrice
Merci
Voici deux poèmes sur ce thème.
Jumeau
Alors te voilà…
Je t’ai tellement cherché !
Recule un peu, là, tes bras et tes yeux
À l’époque tout juste formés
Je voulais te sentir
Près de moi, à côté
Regarder tes sourires
Pas encore ébauchés
Quand j’ai senti partir
Tes forces, tes piliers
Les structures de ton corps
Les empreintes de tes doigts
Les rythmes et les volutes
Qu’on formait tous les deux
Je n’ai pas tout saisi
J’ai cru ma maladresse
Responsable de ta perte
Un inspire de surprise
Qui transforme en effroi
Mon envie de te suivre
D’être encore contre toi
Et ton cœur qui se greffe
À l’intérieur de moi
Qui bat et puis qui reste
Avant l’ange et son doigt
Se posant sur ma bouche
Pour oublier les temps de notre construction
Et même tous ceux d’avant
De notre folle union.
——-
Toi mon jumeau
Tu es à l’image des bulles de bain et des nuages
Tu t’es formé comme tu as pu
T’es dispersé
Et je t’ai bu
Il m’est resté un appendice
Qui s’est greffé comme un indice
De ta présence à mes côtés
Tu es le rythme, l’eau et l’air mélangés.
Lucie Meunier