Julios Beaucarne
Vieille chanson du jeune temps
Je ne songeais pas à Rose ;
Rose au bois vint avec moi ;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.
J’étais froid comme les marbres ;
Je marchais à pas distraits ;
Je parlais des fleurs, des arbres
Son œil semblait dire : « Après ? »
La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols ;
J’allais ; j’écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.
Moi, seize ans, et l’air morose ;
Elle, vingt ; ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose
Et les merles me sifflaient.
Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches
Je ne vis pas son bras blanc.
Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours ;
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.
Rose défit sa chaussure,
Et mit, d’un air ingénu,
Son petit pied dans l’eau pure
Je ne vis pas son pied nu.
Je ne savais que lui dire ;
Je la suivais dans le bois,
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois.
Je ne vis qu’elle était belle
Qu’en sortant des grands bois sourds.
« Soit ; n’y pensons plus ! » dit-elle.
Depuis, j’y pense toujours.
Victor Hugo
Les Contemplations.
D’une rose à l’autre …
D’une ardeur vers l’Autre.
Soudain , la Pluie.
Del Carretero de Guillermo Portabales
En ses chansons guajiras
Del Camino del Indio
Et del Duerme Negrito
Du Temps des Cerises
et gai Rossignol
Le Vent se lèvera
Les Flamboyants refleuriront .
» Au-dessus de l’oliveraie tremblote une étoile . Un chant d’alouette s’essouffle dans l’azur ténébreux.
D’autres bruits languissent après l’appel solitaire du muezzin.
Le silence est maintenant achevé.
Il n’y à plus âme qui vive. »*
Un Transsibérien.
« En vue du Capblanc » •
» Portées les chaussures
Une seule fois mais trop usées
je lis sur la semelle
la triste chanson des pieds nus
là-bas ils marchent encore . » **
Point de répit donc ?
L’été vient brûlant
Et l’on s’étonne qu’il tue.
Mais là-bas on le sait bien
Le feu assèche , détruit
Et l’eau est une guerre
Creuser creuser la chercher
Pour ne pas mourir de soif
Pour ne pas partir ailleurs
Où l’on ne trouvera que fusils
Pour comité d’accueil
Pour bras encerclants
En camps.
Là où parait-il
Les Droits de L’Homme ont été inventés
De quel Homme?
De quelle Femme?
De quel Enfant ?
L’enfant gavé de nourritures occidentales
Est-il plus important
Que l’ Enfant nourri par perfusions
Des héros médecins du monde
Eux mêmes assassinés ?
Perfusions & bouillies en sachet
Vaines ou mortelles ?
Spectacles d’autres « rationalismes »
Au service de quelques uns.
Criminels et leurs complices taiseux…
L’éphémère ?
Mais ce mot là
D’où le sors-tu ?
Ça n’existe plus
Pas pour les pieds,
Pas pour les corps,
Plus pour les êtres en route ,
Plus pour les enfants déjà vieux
De chasses, en exils et trafics.
» À droite, à mâcher, à gauche, à boire
Qui passera ici
Qui s’arrêtera dans ce passage
Présent et absent à la fois
En même temps là
En même temps
Le regard cloué dans l’éphémère de ce qui est là
Dans le clos du regard »***
Il nous faudra lutter
Lutter encore
Lutter beaucoup
Pour ne pas s’endormir
Dans les cauchemards vifs
Dans les effluves pestilentielles
Des charniers à découvrir
Encore
Puisque il y a ceux qui ferment les yeux
Sur l’ignominie
Et les crimes organisés
Été-automne-hiver-printemps
Arabo -Andalou
Américano-Latino
Asia-Orientalistes
Et dans le ciel ?
Est-ce plus tendre
La nuit
Le jour ?
La Luna Verde
» Te quiero Verde »
« Pour tout homme, tout artiste, qu’il s’appelle Nietsche ou Cézanne, chaque échelle qui monte à la tour de sa perfection a pour prix la lutte qu’il entretient avec son DUENDE, pas avec son ange , ni sa muse. » #
Seules luttes qui vaillent
Pour l’amour
Pour la vie
Pour l’artistique sublimation
La plus intime qui soit
La plus douce
Ou la plus vive
Et ardente.
» Parce que
Lorsque nous nous suspendons par les ongles, écartelés,étouffés, à la crête des mots .
La fin est proche
quand le grillon nous raconte
tout ce qu’il sait. » ~
[ Véronique C Chastelier , accompagnée des voix de poètes vifs.]
23 Juin 2017
*Hubert Haddad, Palestine
Prix des cinq continents de la francophonie
•Blaise Cendrars
** Jean Portante, Après le Tremblement
Ed Le Castor Astral
***Seyhmus Dagtekin , Juste un pont sans feu
Ed Le Castor Astral
# Federico Garcia Lorca
Jeu et théorie du Duende
Éd. Allia
~ Elisabeth Cook-Lynn, poème :
Fait brutal
In Voici mon cœur.
c’est un bon cœur .
Poésies de Femmes Amérindiennes
Ed De La Librairie Olympique 2016