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Quand la nuit se brise,
Je porte ma tiédeur
Sur les monts acérés
Et me dévêts à la vue du matin
Comme celle qui s’est levée
Pour honorer la première eau ;Etrange est mon pays où tant
De souffles se libèrent,
Les oliviers s’agitent
Alentour et moi je chante :
– Terre brûlée et noire,
Mère fraternelle,
Ton enfant ne restera pas seule
Avec le temps qui griffe le cœur ;
Entends ma voix
Qui file dans les arbres
Et fait mugir les bœufs.
Ce matin d’été est arrivé
Plus bas que le silence,
Je me sens comme enceinte,
Mère fraternelle,
Les femmes dans leurs huttes
Attendent mon cri.
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Pourquoi, me dit-on, pourquoi
Vas-tu visiter d’autres seuils
Comme une épouse répudiée ?
Pourquoi erres-tu avec ton cri,
Femme, quand les souffles
De l’aube commencent
A circuler sur les collines ?
Moi qui parle, Algérie,
Peut-être ne suis-je
Que la plus banale de tes femmes
Mais ma voix ne s’arrêtera pas
De héler plaines et montagnes ;
Je descends de l’Aurès,
Ouvrez vos portes
Epouses fraternelles,
Donnez-moi de l’eau fraîche,
Du miel et du pain d’orge ;
Je suis venue vous voir
Vous apporter le bonheur,
A vous et vos enfants ;
Que vos petits nouveaux nés
Grandissent,
Que votre blé pousse,
Que notre pain se lève aussi
Et que rien ne vous fasse défaut,
Le bonheur soit avec vous.
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Mohamed Dib
Ombre gardienne – Éditions de La différence, 2003
Ce poème appris et étudié à l’école primaire en 1968 n’a jamais quitté ma mémoire. Il a traversé le temps et rappelle combien furent grands nos écrivains d’antan.