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Si je venais vers toi sans yeux,
Sans te retrouver blonde ou brune,
Voudrais-tu de ma nuit sans lune ?
Voudrais-tu bien de ce fardeau,
Des mains aveugles sur ta peau,
Si je venais vers toi sans yeux,
Comme d’autres sont revenus de la guerre,
M’aimerais-tu ?
M’aimerais-tu, mon immortelle,
Si je venais vers toi fidèle,
Mais sans regard…
M’aimerais-tu ?
Si je venais vers toi sans mains,
Sans pouvoir effleurer encore,
Les monts, les vallées de ton corps,
Voudrais-tu de mes bras en deuil,
De ces branches sans fleurs, sans feuilles
Si je venais vers toi sans mains,
Comme d’autres sont revenus de la guerre,
M’aimerais-tu ?
M’aimerais-tu, mon immortelle,
Si je venais vers toi fidèle,
Mais sans toucher…
M’aimerais-tu ?
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Si je venais vers toi sans pieds,
Traînant mes deux genoux à terre,
Comme les mendiants de naguère,
Voudrais-tu de mes promenades,
Sans courses, sans jeux, sans baignades,
Si je venais vers toi sans pieds,
Comme d’autres sont revenus de la guerre,
M’aimerais-tu ?
M’aimerais-tu, mon immortelle,
Si je venais vers toi fidèle,
Mais sans marcher…
M’aimerais-tu ?
Si je reviens vers toi sans cœur,
A force de l’avoir fait taire,
Là où je suis, c’est la misère,
Voudras-tu de mes jours sans rires,
De mon passé sans souvenirs,
Si je reviens vers toi sans cœur,
Comme d’autres sont revenus de leur guerre,
M’en voudras-tu ?
M’en voudras-tu, mon immortelle,
Si je reviens vers toi fidèle,
Mais sans âme…
M’aimeras-tu ?
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