On reste avec ce qui ne peut pas parler
comme au bord du monde, insignifiant, vide
laisse un malheur insonore dans les images
leur douleur hantée, insensée
on cherche à comprendre
on ne peut rien comprendre
on marche au long des rues sans penser à rien
essayant de retenir des larmes
on se sent perdu mais tout est déjà enfui
passé, irrémédiablement perdu
on reste seulement avec la chute interdite du sens
et ce poids de pierre inexprimable
au creux des membres
on ne sait plus ce que sont un visage,
un semblable
rien n’est reconnaissable
c’est un jeu sans personne avec la violence du disparu
et l’irrésumable brûlure du mot amour
Patrick Laupin
Corps & âmes –Œuvres poétiques Tome 1 (La rumeur libre, 2012)