Les mots s’autodétruisent
dans l’odeur surie des bibliothèques
on lève son regard vers la fragilité des nuages.
Plus fragile, pourtant,
le ciel fendu par des écroulements
chairs pissant leurs liquides
massacres attentats
ils ne suriront pas, eux
ils bombillent sur le sang, bourdonnant l’opéra de la mort totale.
Eh, la parole, tu t’es enfuie
sur les ailes de ces mouches à merde ?
Mais non, tu restes
cette place de sève où la vie continue
dans la tige qu’on croyait gâtée pour toujours.
On s’accorde avec un espoir minuscule
en pot sur le balcon.
Notre précieux rien. Notre indéfectible amour, à deux, à d’autres
au milieu du monde presque défait. Notre évidence.
Marie-Claire Bancquart
Une salve d’avenir. L’espoir, anthologie poétique – Gallimard, mars 2004