J’ai encore du chemin à parcourir
– ce chemin n’a pas de terme – mais il est
vrai que j’ai toujours voulu acquérir ce
savoir-écrire qui associe spontanéité et
réflexion, abandon et rigueur, lyrisme et
lucidité, ce savoir-écrire qui permet
d’accéder à « l’art sans art. »
Note du Journal VII/ 1987-2003
Apaisement
P.O.L

(Photo Sylvia Villerot)
Charles Juliet est né en 1934 dans un petit village de l’Ain. Séparé de sa mère, victime de dépression, il a un mois. Placé dans une famille d’origine suisse, les Ruffieux, lorsqu’il a trois mois, Charles Juliet les considérera comme sa vraie famille. Il n’apprendra l’existence de sa mère qu’au décès de cette dernière en 1942, il a huit ans et il rencontre brièvement son père, ses deux frères et sa sœur, leur mère est décédée à l’hôpital psychiatrique où elle avait été hospitalisée. Elle est morte de faim.
Charles Juliet vivra une enfance paysanne jusqu’à son départ pour une vie d’enfants de troupe.
Ainsi à douze ans, il entre à l’école militaire préparatoire d’Aix en Provence où il demeurera de 1946 à 1954, et de 1954 à1957 il est étudiant à l’école du service de santé militaire de Lyon.
Il se fera réformer en 1957 : « Au total, j’ai porté un uniforme militaire pendant quatorze ans… »
Aux prises avec un grand besoin d’écrire jusqu’alors refoulé, Charles Juliet commence le long et périlleux travail d’introspection lié à l’écriture.
- 1973 : Première publication de Fragments à l’initiative de Georges Haldas à Lausanne, Parution de notes issues de ses Rencontres avec le peintre Bram van Velde, éditions Fata Morgana.
- 1978 : Paul Otchakovsky-Laurens P.O.L, publie le premier tome de son Journal, dans la collection qu’il vient de créer chez Hachette.
A compter de cette rencontre, les principaux ouvrages de Charles Juliet seront fidèlement publiés chez P.O.L.
- 1989 : L’Année de l’Éveil dans lequel est évoqué le pensionnat militaire d’Aix en Provence.
- 1995 : Lambeaux, bouleversant récit consacré à ses deux mères : celle qui l’a mis au monde et celle qui l’a élevé.
- Son Journal rédigé depuis 1957 et dont le dernier tome : Apaisement, Journal VII : 1957-2003 sorti cet automne dernier, demeure cette œuvre singulière et éclairante sur le long cheminement de Charles Juliet. Car pour écrire, il aura dû au début « s’élucider, creuser dans sa mémoire et son inconscient, » non pas comme une psychanalyse mais comme une intervention chirurgicale. L’écriture « je l’ai utilisée comme un scalpel. J’avais ce besoin impérieux de me connaître et de me transformer. J’obéissais à une nécessité. »
Charles Juliet écrit de la poésie, du théâtre, des essais, des récits de ses rencontres avec d’autres auteurs et peintres dont il admire les œuvres.
Pour une biographie et bibliographie plus détaillées cf. : Charles Juliet / rencontre avec Rodolphe Barry, chez Flohic, 2001, et Journal VII, chez P.O.L, novembre 2013.