Mimosas de Mazouna

Mimosas de Mazouna

Le mimosa est un arbuste grave malgré les apparences
Je ne connais pas son nom arabe
Ismek ?

Je devine les courbes aux yeux furtifs

Quelle sonorité peut-il avoir
Est-il féminin comme l’arbre générique
Ou masculin comme l’agave aux dents sucrées
Il m’est énigmatique personne ne le nomme
Ismis ?

pour moi
sa présence seule
exotique
Je l’ai vu irradiant la ville poussiéreuse
(aux enfants rieurs)
Sans qu’on s’étonne de sa présence
Comme s’il avait toujours été là

À Mazouna le mimosa d’avril prospère
Répand sur les trottoirs défaits
L’absente de ses flocons
Toute son énergie dans la neige dorée
Occupe le clair-obscur du passé
Sous l’œil barbare des cactus

(figues et saisons)

Enfance tremblante
Après le jeter d’eau derrière les départs
Mazouna sourcilleuse mhadjba s’éloigne
Le mimosa taiseux
Tirent les ellipses de la calligraphie
(Tapis volant)
D’une terre qui me reconnaît

Keltoum Staali (France-Algérie)
Enseignante de lettres, Franco-Algérienne née en France, journaliste et poète, elle a publié notamment des recueils de poésie dont Talisman (Alba, 2005) et Identité majeure (Éditions de l’Atlantique, 2010) et des récits dont Cœur Noir (Marsa, 2015).