Un instant tu as oublié…
Un instant tu as oublié le nom
des choses : la nuit est vide,
l’heure n’est plus cette écriture
du sable et des oiseaux.
Un instant tu es entré dans
la non-vision du soleil, dans
l’immobile minuit, dans la cave
de l’impossible naissance
Du monde. Il n’y avait nulle
apparence, nul être, pas même
la trace d’un brin d’herbe ou l’hypothèse
D’un nuage, ni début ni fin,
seulement cette mesure de l’in-
connaissable et la parfaite absence.
Lionel Ray
In Syllabes de sable © Poésies/Gallimard 2004 p 159