Sonnet

 

Mahmoud Darwich

J’aime, de la nuit, le prélude lorsque vous venez,
Main dans la main et me prenez lentement, strophe après strophe, dans vos bras.
Vous m’emporterez, tout là-haut, sur vos ailes.
Amis, restez, ne vous hâtez pas
Et dormez contre mes flancs pareils aux ailes d’une hirondelle fatiguée.Votre soie est chaude. A la flûte d’attendre un peu
Pour polir un sonnet lorsque vous me trouverez secret et beau
Comme un sens sur le point de se dénuder. Ne parvenant à arriver
Ni à s’attarder devant les mots, il me choisit pour seuil.

J’aime, de la poésie, la spontanéité de la prose et de l’image voilée,
Dépourvue d’une lune pour l’éloquence :
Ainsi lorsque tu t’avances pieds nus, la rime abandonne
L’étreinte des mots et la cadence se brise au plus fort de l’essai.

Un peu de nuit auprès de toi suffit pour que je sorte de ma Babylone
Vers mon essence – ma fin. Oint de jardin en moi
Et tu es toute, toi. Et, de toi, déborde le moi libre et bon.

Mahmoud Darwich