Rappelle-toi mon corps


Rappelle-toi mon corps…

Mon corps, rappelle-toi seulement combien tu fus aimé,
non seulement les lits où tu t’es allongé,
mais aussi ces désirs qui pour toi
brillaient ouvertement dans les yeux,
qui tremblaient dans la voix – et qu’un obstacle
quelconque a empêché de se réaliser.
Maintenant que tout cela appartient au passé,
c’est presque comme si à ces désirs aussi
tu t’étais livré – comme ils brillaient,
rappelle-toi, dans les yeux qui te regardaient ;
comme ils tremblaient dans la voix, pour toi, rappelle-toi, mon corps.


Θυμήσου, Σώμα…

Σώμα, θυμήσου όχι μόνο το πόσο αγαπήθηκες,
όχι μονάχα τα κρεββάτια όπου πλάγιασες,
αλλά κ’ εκείνες τες επιθυμίες που για σένα
γυάλιζαν μες στα μάτια φανερά,
κ’ ετρέμανε μες στην φωνή —  και κάποιο
τυχαίον εμπόδιο τες ματαίωσε.
Τώρα που είναι όλα πια μέσα στο παρελθόν,
μοιάζει σχεδόν και στες επιθυμίες
εκείνες σαν να δόθηκες — πώς γυάλιζαν,
θυμήσου, μες στα μάτια που σε κύτταζαν·
πώς έτρεμαν μες στην φωνή, για σε, θυμήσου, σώμα.


Constantin Cavafy, 1918

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