Poèmes par amour

[column-half-1]Quel oiseau ivre naîtra de ton absence
toi la main du couchant mêlée à mon rire
et la larme devenue diamant
monte sur la paupière du jour
c’est ton front que je dessine
dans le vol de la lumière
et ton regard
s’en va
sur la vague retournée
un soir de sable
mon corps n’est plus ce miroir qui danse
alors je me souviens.

tu te rappelles
toi l’enfant né d’une gazelle
le rêve balbutiait en nous
son chant éphémère
le vent et l’automne dans une petite solitude
je te disais
laisse les pieds nus sur la terre mouillée
une rue blanche
et un arbre
seront ma mémoire
donne tes yeux à l’horizon qui chante

ma main
suspend la chevelure de la mer
et frôle ta nuque
mais tu trembles dans le miroir de mon corps
nuage
ma voix
te porte vers un jardin d’arbres argentés
[/column-half-1][column-half-2]c’était un printemps ouvert sur le ciel
il m’a donné une enfant
une enfant qui pleure
une étoile scindée
et mon désir se sépare du jour
je le ramasse dans une feuille de papier
et m’en vais cacher la folie
dans un roc de solitude.
*
Blanche l’absence
comme une mort lointaine
en ce jour où l’astre de l’oubli
se posera sur l’herbe mouillée d’une mémoire froissée

Je te vois chantée par les matins
enfants nés des sables

Et l’oiseau me dit
elle est syllabe à prononcer doucement
entre une pensée et un rire
et si le regard s’absente
laisse-toi prendre entre les doigts du soleil
va suspendre le rêve aux tresses de la nuit
et ramasse les étoiles qui ne sont plus du ciel
tiens la main fertile quand tu penses à la citadelle de ce corps fragile

Eclipse
et
silence
des pierres tourmentées
[/column-half-2]

Tahar Ben Jelloun

Les amandiers sont morts de leurs blessures
Editions Fançois Maspéro, 1976