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Traduire le ravin / Burkaitz
Bientôt
Entre parenthèses
Une pause entre les gouttes .
C’est comme un voilage
Cette pluie incessante
Dans ce vert paysage.
Lente ascension déterminée
Malgré la douceur caressante
Qui inviterait la mélancolie,
Au bord des ravines & ravins
Dans cette forêt luxuriante
On pourrait s’imaginer loin.
Peut-être l’Amazonie?
Mais il n’y a pas de brebis
Sur les berges de l’Amazone.
Et il n’y a point de sommets à 900 mètres qui soient aussi verts.
Peut-être les Tumuc Humac ?
Ici & Maintenant
pottoks & vautours fauves
Veillent au grain.
La halte se mérite
Tout là-haut
Ou tout au fond .
Traduire le ravin
C’est le définir
C’est aussi l’ouvrir
C’est partir ailleurs.
Au bout de la pente raide
Qui fût un chemin de pierres
Mélange de terres prometteuses
Bordées de châtaigniers
Ou de collines solides
Avec ou sans sapins
Il y a de la fumée
Signe d’humanité
On n’entend plus les oiseaux
En cette saison des pluies froides
Et des chasses à l’aube.
L’été loin
L’hiver demain.
Avant ?
je n’en sais rien
Du temps des contrebandiers
Et des exilés frontaliers
Qui partaient à pied
À dos de mulets
Peut-être.
Machado lui c’est à Collioure qu’il est passé
Y est resté
sous terre .
Une halte s’impose
Après s’être faite désirer
Espérer
Cette pause en haut
C’est là
Que l’on choisit
Rester vivant
Malgré l’hiver .
La pause en décembre
Est un peu moins bleue
Mais bien plus franche
Pas de causerie obligatoire
Juste la joie des histoires
Et le plaisir des yeux
Face au feu de l’asador
Les gargouillis des ventres creux
Les yeux goûtent avant les bouches
Tout est dégusté
Jusqu’à la dernière arête de truite sauvage
Et les cœurs se retrouvent
Enchantent les murs rouges et blancs
Qui parfois résonnent de chants.
Tout n’est que chaleur humaine
Entre parenthèses
Entre voix altos et sopranos
Dans cette langue vaste
Comme l’est son pays :
Vaste et mystérieux
Puissant et iodé
Plongeant dans l’océan
Direction l’ouest:
L’Euskadi s’est éparpillé
Jusqu’en Amérique…
Des retours ici,
Pas des adieux ,
Jamais à Burkaitz.
Pour le plaisir des gestes
Des bras qui s’ouvrent
Des abrazos timides
L’accueil est juste.
L’émotion n’est pas à jour
L’émotion est discrète
Elle affleure
Tente une pirouette
Par pudeur.
Mais chanter n’est pas dire
Parler n’est pas pour rien
Et regarder c’est considérer
Sinon l’on ne regarde pas.
Ici , on ne triche pas
Non , ici on y est soi
Où l’on n’y vient pas.
« Toute joie veut la profonde éternité »
N’est -ce pas ?
XXXIX
Cultivo una rosa blanca
En julio como en enero
Para el amigo sincero
Que me da su mano franca
José Martí (1853-1895)
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