Nostalgie

Cela fait cent ans
Que je n’ai pas vu ton visage
Que je n’ai pas passé mon bras
Autour de ta taille
Que je ne vois plus mon visage dans tes yeux
Cela fait cent ans que je ne pose plus de question
À la lumière de ton esprit
Que je n’ai pas touché à la chaleur de ton ventre.

Cela fait cent ans
Qu’une femme m’attend
Dans une ville.
Nous étions perchés sur la même branche,
Sur la même branche
Nous en sommes tombés, nous nous sommes quittés
Entre nous tout un siècle
Dans le temps et dans l’espace.
Cela fait cent ans que dans la pénombre
Je cours derrière toi.

Tu es mon ivresse
De toi je ne peux dessoûler
Je ne puis dessoûler
Je ne veux point dessoûler

Ma tête lourde
Mes genoux écorchés
Mes vêtements crottés
Je vais vers ta lumière qui brille et s’éteint
En titubant, tombant, me relevant.

Nazim Hikmet

 

Une réflexion sur « Nostalgie »

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