Mon rêve familier


Julos Beaucarne

Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul Verlaine

Une réflexion sur « Mon rêve familier »

  1. […] Que ma parole pèse sur la nuit qui passe
    Et que s’ouvre toujours la porte par laquelle
    Tu es entrée dans ce poème
    Porte de ton sourire et porte de ton corps

    Par toi je vais de la lumière à la lumière
    De la chaleur à la chaleur
    C’est par toi que je parle et tu restes au centre
    De tout comme un soleil consentant au bonheur

    Mais il nous faut encore un peu
    Accorder nos yeux clairs à ces nuits inhumaines
    Des hommes qui n’ont pas trouvé la vie sur terre
    Il nous faut qualifier leur sort pour les sauver
    […]
    Paul Eluard
    Poésie ininterrompue

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