Pour Baya
Tu disais des choses faciles
travailleuse du matin
La forêt poussait dans ta voix
des arbres si profonds que le cœur s’y déchire
et connaît le poids du chant
la tiédeur d’une clairière
pour l’homme droit qui revendique
un mot de paix
un mot à notre dimension.
Tu tirais de sa solitude
le rôdeur qui te suit tout pétri de son ombre
celui qui voudrait écrire comme tu vois
comme tu tisses comme tu chantes
apporter aux autres le blé
le lait de chèvre la semoule,
et si, dru dans le cœur et si fort dans le sang
la bonté de chacun
le charme impétueux des hommes solidaires
Parle ô tranquille fleur tisseuse des promesses
prélude au sûr éveil de l’orge
dis que bientôt l’acier refusera la gorge
bientôt le douar entamera la nuit.
Tu m’apprends à penser
à vivre comme tu es
Matinale arrachée à l’obscure demeure
Magnifiques les deux Jean
Sénat
Y
La Fontaine.
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« La forêt poussait dans ta voix »
Comme l’on dirait
Qu’un feu de bois
Crépitait dans la gorge
Des chanteurs de Cante Jondo
Là-bas en Andalucia
Sur les berges du Guadalquivir.
Dans la voix cassée de la Caïta
Ou dans les gestes de la danseuse gironde à Ronda
Ample et souple , danseuse
Sans âge à laquelle il est des gestes plus francs que tous les gestes quotidiens de la vie courante,
Dont ce geste du bras puis de la main comme une harmonieuse parole
Parabole de l’indicible poésie dansée du Flamenco incandescent
Sinon ce n’est pas du flamenco.
Ce geste « si dru dans le cœur et si fort dans le sang »
C’est un art qui perd – dure
Qui n’a plus rien à perdre
Ni à gagner
Juste un art de vivre.
Comme ça
Et pas autrement.
Comme vivre en poème
Dans le poème d’un jour
Ou d’une nuit
Mais poème toujours .
Un art de vivre
Tout court.
Pour toujours.
« Le charme impétueux des hommes solidaires »
Vient apaiser la nuit qui vient
Et son cortège de vents
Contraires
Sous le tonnerre
Des horizons embrasés .
Peut-être qu’il ne faudrait
Guère autre chose
Qu’un poème
Une phrase
Un mot
Pour s’opposer aux mauvaises
Augures
En tout genre
De toute espèce
Endémique ou pas
« Un mot de paix
Un mot à notre dimension »…
Un mot initié portée
Portée musicale
Envoûtante
Pour longtemps
Telle cette rencontre
Que l’on voudrait
Pour longtemps
Voir « Tisseuse de promesses »
Mes-tissages
À portée de mots
Mis en musique
Et cadencés
Pourquoi pas ?
Véronique Chastelier
Par une nuit de tempête
Dans le sud-ouest
Quelque part .
Un 21/12/2019