Loin, trop
ils s’écartent
peu à peu
s’effacent
restent leurs voix parfois
elles passent
vite
d’autres viennent
bien sûr
mais elles ne comblent pas
l’attente
—
on avance
un peu plus
dans le réduit
—
on voit mal ce qu’ils deviennent
loin
peut-être simplement
continuent-ils
hors d’atteinte
cela se passe dehors
on n’a que peu de prise
—
pourtant
on voudrait voir et saisir
davantage
on voudrait de même
qu’ils parlent
comme avant
on voudrait
on retient seulement
tout semblait clair
on pouvait passer
de longs temps de vide
sans trembler
cela devient plus difficile
on s’appuie davantage
souvent aussi
on se retrouve en appui
sur rien
cela devait arriver
—
trop loin
les voix se brouillent
et quand elles crient
on ne peut plus venir
et quand on appelle
on n’attend plus
de réponse
vite
la mémoire
se creuse
à mesure
rien à craindre
on a tant de distances possibles
en tête
rien à craindre
mais il faudra faire un détour
—
le silence se peuple
on entre dans le silence
en parlant seul
et les figures regardent
écoutent
on entend leurs souffles
les mots ne recréent rien
ils avivent
—
ce qui se referme
au-delà de ce qu’on peut voir
fait mal
puis cela s’établit
entre en sommeil
d’une certaine façon
cela devient simple
chacun seul
dedans
avec ses autres
—
à la fin
on ne peut plus
ni appeler ni répondre
Antoine Emaz
» Les mots ne recréent rien
Ils avivent »
Vu , revu Lou Andrea Salomé
Lu , relu vers de Rainer Maria Rilke
Et plongée différée chez
» L’Homme Imprononçable » de Patrick Laupin .
Parce que » On se retrouve en appui sur rien
Cela devait arriver »
Et puis
Les nouvelles ne sont pas bonnes
Les nouvelles sont pire et pas pire
On est entré dans l’été
On entend le dédain violent , brutal des à -l’abris
On sent déjà venir les fins rudes
On pressent les désespoirs aux bouts des terres
En mers et déserts
Face aux murs
Entre les murs cachots
Souterrains tragiques
On sait que des sans terre mourront
D’enfer sur terre et sous terre cachés assoiffés de tout.
On retrouve des esprits lumineux
Ravagés et sous terre depuis un-deux trois- quatre- cinq -six
Etc
Années de feu
Ici&Là ils reviennent .
Narcos ou guerres civiles
Fachos ou / et tortionnaires obsessionnels soucieux de bien faire leur « travail » partout
N’auront pas le dernier mot.
Ni le dernier geste.
C’est Lorca qui reviendra
C’est ce journaliste retrouvé au Michoacan , silencieux pour toujours
Ce sont » nos » reporters consciencieux
Humanistes , « nos » medecins et sougnants, ici et là-bas
Au loin
Au plus prés des gens.
Et Tous Ces anonymes qui ne seront pas retrouvés de sitôt.
On entend les pleurs sans larmes
Des affamés et tout revient.
Et ces enfants oubliés,
Nos adultes de demain…
Mais ici ?
Là?
« Rien à craindre
On a tant de distances possibles
en tête
Rien à craindre
Mais il faudra faire un détour »
Point besoin de partir loin
La géographie s’étire
En boucle boomerang
Plus besoin d’outre-mers
D’outre -tout
Mes géo -graphies
Demeurent mouvantes.
Et sédentaires
Émouvantes .
Silences nocturnes
Juste le vent.
En mots & songes
Et si les rêves ont disparus
L’espoir & l’ardeur paisibles viennent
Après l’orage :
En cyclones rien ne se fait
En ouragan tout se défait
Pour mieux re-bâtir
Après .
Voir » Kelly » combattante sans armes
Sur ses routes des allers-retours
Pérou Guyane Tanger
Tanger Paris
Juste voir de l’avion la Tour Eiffel
Lima , retour case départ
Voir » Kelly »
Derrière sa fenêtre d’hôtel à Tanger
Sur la terrasse des toits habités
Actrice contemplative
Patiente des Sans Soucis
Et Passante des Sans soucis
Ou l’inverse
Toute en soucis
Et patiente passante
Constante
Partante
Perpétuité des soucis
Kelly.
Et penser au devenir possible
Toujours.
» Chacun seul
Dedans avec ses autres ».
Après séance au cinéma Jean Eustache de Pessac dans le cadre de Cinéreseaux
Documentaire de Stéphanie Regnier vivant à Bordeaux
(France 2017)
Kelly , documentaire donc de 67 min poétiques et ardentes
Prix du Jury Jeune au Festival Cinéma du Réel. Paris 2013
Véronique C Chastelier
Pessac , 27 juin 2017
Entre deux orages
Vient le suivant.
Déjà
Août sera t’il en automne?