L’inutile aurore

L’inutile aurore

Tout est vain
La fenêtre et l’aurore me restent dans la main
Les fleuves se disloquent
Sur le seuil
C’est la mer qui défroisse ses loques
Ici
La bouche fait lentement son sillon
Et l’heure est suspendue aux lèvres du grillon
Des larmes
Les dernières
Mais les brusques tournants de la lumière
Les algues déroulées sur le front du couchant
La poitrine de l’homme qui tremble au bord du champ
Le cœur pris dans la roue
Le hurlement des herses
Et la douleur qui suit le chemin de traverse
Ah tout est décidé
Le ciel rentre en sa lame
Ma chair sa mort dans l’âme
Mon sang son cou de dé.

René-Guy Cadou

Le chant du coq, Pleine poitrine
Pierre Fanlac éditeur, Périgueux, 1946