Les offensés

LES OFFENSÉS

Par ordre de famine les indigents furent alignés
Par ordre de colère les séditieux furent examinés
Par ordre de bonne conscience les maîtres furent jugés
Par ordre d’offense les humiliés furent questionnés
Par ordre de blessure les crucifiés furent considérés.
En cette misère extrême les muets venaient en tête
Tout un peuple de muets se tenait sur les barricades
Leur désir de parole était si urgent
Que le Verbe vint à leur rencontre de par les rues
Le faix dont on le chargea fut si lourd
Que le cri « feu » lui éclata du cœur
En guise de parole.

Anne Hébert
Le jour n’a d’égal que la nuit © Les éditions du Boréal

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