Les heures

Les heures

Toutes nous blessent, la dernière
Nous tue, ayant enfin pitié
Quand elle achève sans colère
L’œuvre faite plus d’à moitié.

Les autres, même la plus douce,
Hélas ! nous usent lentement,
Et chacune d’elle nous pousse
Vers le funèbre monument.

Funèbre ? non. Quelle caresse
Vaut le sommeil sans lendemain ?
Vienne l’heure, pâle maîtresse
Qu’on espère jamais en vain !

Elle viendra, consolatrice,
Tarir la source des remords :
Nulle passion tentatrice
Ne trouble le repos des morts.

Ces heures, pleines d’espérance,
De terreur ou de volupté,
Ne sont pourtant qu’une apparence,
Un rêve sans réalité.

Le temps, l’espace : vain mirage,
Mots creux auxquels rien ne répond ;
Bruit de la vague sur la plage,
Du caillou dans le puits profond !

Avec le mètre et l’heure, infime,
L’homme prétend jauger les mers
Dont l’infini creuse l’abîme,
Qui pour flots ont des univers !

Sonnez, sonnez, Heures futiles,
Mensonge par l’homme inventé !
Résonnez ! vos sons inutiles
Se perdent dans l’éternité.

Camille Saint Saens

Une réflexion sur « Les heures »

  1. Les Heures ,
    L’Espace est Noir

    très très beau
    quand même .

    En attendant
    Les Nuits des Étoiles Filantes
    D’août .

    Bel été
    Quand même .

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