Le châtiment

Marius Scalesi

Le Châtiment

Une nuit que l’hiver avait trop triomphé,
Tout grelottant de froid, j’entrai dans un café.
Je bus. Il faisait chaud. Il faisait bon. L’averse
Et la bise qui mord les os et les traverse
Avaient fait de la rue un bourbier ténébreux,
Un désert; pluie et vent se flagellaient entre eux.
L’eau baignait le trottoir et ternissait les glaces
Du bar, et, sous le gaz versant des lueurs lasses,
Au point où, bifurquant, les lignes des tramways
Montraient leurs rails luisant abondamment lavés,
J’aperçus, à travers la pluie énorme et l’ombre
Mon vieux père voûté dans sa capote sombre.
C’est là qu’il exerçait son métier d’aiguilleur.
Il n’avait pas l’espoir d’un lendemain meilleur,
Il n’avait point d’abri. L’eau ruisselante et lâche
Lui coulait dans le cou, lui mouillait la moustache.
Je l’entendais tousser au point de s’arracher
Les poumons dans l’effort qu’il faisait pour cracher.
Sans doute ce vieillard expiait quelque chose.
Un être humain n’est pas ainsi livré, sans cause,
Par l’homme indifférent à la fureur du ciel.
Certainement mon père était un criminel.
Voyons. Trente-six ans, épuisé de misère,
Il avait travaillé pour un maigre salaire,
Toujours probe, toujours exact, toujours soumis.
S’il parlait de ses chefs, il disait: « Quels amis! »
Mais alors, ce qu’en lui punissait la tempête,
C’était le crime d’être pauvre, d’être honnête,
Et d’aimer le labeur jusqu’à la passion?
À moins que ce ne fût sa résignation.

 

El Castigo

Una notte che l’inverno aveva trionfato troppo,
Tutto tremante di freddo, entrai in un caffè.
Bevvi. Faceva caldo. Si stava bene. L’acquazzone
E la tramontana che morde le ossa e le traversa
Avevano reso la strada un tenebroso pantano,
Un deserto; pioggia e vento a vicenda si flagellavano.
L’acqua bagnava il marciapiede e appannava gli specchi
Del bar, e, sotto il lampione nella luce fioca del gas,
Là dove, biforcandosi, le linee dei tram,
Mostravano lucenti rotaie copiosamente lavate,
Scorsi, attraverso la pioggia enorme e l’ombra
Il vecchio padre curvo nel pastrano scuro.
Lì esercitava il suo mestiere di scambista.
Non aveva speranza d’un domani migliore,
Non aveva riparo. L’acqua sgocciolante e vile
Gli colava sul collo, gli bagnava i baffi.
Lo sentivo tossire tanto da strapparsi
I polmoni nello sforzo fatto per sputare.
Certo quel vegliardo espiava qualcosa.
Un essere umano non viene esposto così, senza motivo,
Dall’uomo indifferente al furore del cielo.
Di certo mio padre era un criminale.
Vediamo. Per trentasei anni, sfinito di miseria,
Aveva lavorato per un magro salario,
Sempre probo, sempre esatto, sempre sottomesso.
Se parlava dei capi diceva: «Che amici!»
Ma quindi, ciò che in lui puniva la tempesta
Era il delitto d’esser povero, d’esser onesto,
E di amare il lavoro fino alla passione?
A meno che non fosse la sua rassegnazione.

Marius Scalesi