L’amoureuse
Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s’engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s’évaporer les soleils
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.
Paul Eluard
Poèmes sur un amour ancien
(Extraits)
6
Le soir nous atteignit…
Le soleil
Peignait sa chevelure dans la mer,
Et le dernier baiser accostait
À mes yeux, braises.
-De moi, prends les vents
Et embrasse-moi
Une dernière fois.
…Le matin l’atteignit.
Le soleil peignait sa chevelure au levant.
Pour elle, la noce, le henné
Et une place au palais des favorites.
-De moi, prends les chansons,
Et de moi, souviens-toi
L’instant d’un éclair.
…Le soir m’atteignit.
Les cloches
Carillonnaient pour la belle sabine,
Mon cœur était froid comme un diamant,
Et mes rêves , caisses sur le quai des ports.
-De moi, prends le printemps
Et fais-moi tes adieux …
1966
Mahmoud Darwich
La Terre nous est étroite ,
et autres poèmes
Anthologie 1966-1999
Traduction Elias Sanbar
Ed. Gallimard
Avec la préface inédite de Mahmoud Darwich .
Elle est écrite en 1999 et intitulée:
Le lieu de l’universel
C’ est en elle-même un Bijou , dans laquelle le poète y exprime sa longue expérience et démarche poétique, entremêlées intimement avec l’Histoire , autant qu’avec l’art de l’écriture et de la traduction.
J’en retiendrai cet extrait :
[…] » je n’habite pas le fleuve mais ses rives, le temps l’enseigne la sagesse alors que l’Histoire m’apprend l’ironie.
[…]qu’avançant en âge je me rapproche des interrogations métaphysiques plus appropriées à la perplexité de l’existence et au désir de protéger ma langue de la précipitation du temps immédiat. »
V C Chastelier