Ce matin-là
je m’étais levé bien avant toi
pour voir les premières lueurs du jour
Sur la terrasse de notre maison
une branche d’hibiscus
tendait les doigts de son attente
dans la même direction que moi
Tout semblait habité par une seule raison de vivre
Dans la brise
du petit matin
le linge étendu la veille
donnait à la terrasse
l’aspect d’une barque
rentrant au port
Je n’ai pas vu les premiers rayons du soleil
faire éclater la crête des montagnes
J’ai vu ta robe blanche
ta robe ouverte dans le vent
faire danser le soleil comme un tamaris
J’ai voulu te dire
viens voir comme ta robe est belle
dans la lumière du matin
La chambre était encore plongée dans un demi-jour
tu dormais nue sur la toile tendue de l’été
Ce que j’ai vu alors
ressemblait au premier matin du monde
une petite fleur d’hibiscus
sauvage
s’ouvrait entre deux soleils
Bruno Doucey
Ceux qui se taisent, © Éditions Bruno Doucey, 2016.