Combien désiré
combien désiré combien doux
ce murmure trop ténu
auquel je donne voix
en me creusant
dans mon silence
puis lourds
encore aveugles
encore mêlés
à tous cet humus
où ils prenaient vie
les mots qui montent affluent
s’inscrivent sur la page
ces mots que j’enfante
et qui me donnent le jour
Ils sont silencieux ces mots enfouis
Ils demeurent taiseux
Ils empoisonnent
parfois
Ils rongent
Ils tapent aux portes
Ils cherchent la lumière du jour
Ils ne disent rien
Tant qu’ils demeurent.
Et si par imprudence
Ils se mettent à parler
Ils ouvrent les fenêtres
Ils soufflent
Leur vie est éprouvée
Ils ne peuvent plus taire
Ce qu’ils avaient tissés
Et ils se révèlent à l’encre
Dans l’espoir d’être partagés
Peut-être.
Et le risque est grand.
Mais ne point oser
Serait un renoncement à vivre .
Véronique C Chastelier