Ce chant

[column-half-1]

Este canto

Este canto, senor,
tiene las unas sucias
de buscar palabras en la tierra,
tiene casi sin dientes la boca
y muerde, senor,
los versos
que a medianoche suenan
las callejeras en su besos.
————
Este canto, senor,
tiene el corazon rojo de impotencia,
pero no calla :
aun defectuosa, la lengua clama
en la letra impura,
en la palabra inexacta,
con el sudor a cuestas
y la humillacion intacta.

Clama la lengua, senor,
en mitad de la tierra
arida y silenciosa
con las unas sucias.

Los huesos de la vida
el canto inflama
esperando, senor,
esperando un sol ardiente cada manana.
[/column-half-1]
[column-half-2]

Ce Chant

Ce chant-là, monsieur,
a les ongles sales
de tant chercher les mots dans la terre,
et la bouche presque édentée
et il mort, monsieur,
les vers
dont rêvent dans leurs baisers
les prostituées à minuit.
—————
Ce chant-là, monsieur,
a le cœur rouge de l’impuissance,
mais ne se tait pas :
même défectueuse la langue crie
dans les paroles impures,
le mot inexact,
chargé de sueur
et l’humiliation intacte.

La langue crie, monsieur,
au beau milieu de la terre
âpre et silencieuse,
avec des ongles sales.

Le chant enflamme
les os de la vie
en souhaitant, monsieur,
en souhaitant un soleil ardent tous les matins.
[/column-half-2]

Moncho Azuaga

Paraguay
Traduit de l’espagnol par Françoise Campo–Timal
In, Ruben Bareiro Saguier et Carlos Villagra Marsal, Poésie paraguayenne du XXème siècle – Editions Patino, 1990