L’Accident

 

Marius Scalesi


L’instant où j’ai cessé de vivre,
Je le verrai longtemps encor.
(Quand l’espoir a fermé son livre
On peut bien dire qu’on est mort).

Muse, je veux que tu célèbres
Ce vieil et banal escalier
Qui, m’ayant brisé les vertèbres,
Me force à ne point l’oublier.

Tu connais l’histoire, je pense,
Puisque étaient par toi visités
Ces fantasques rêves d’enfance
Où riaient mes naïvetés.

C’était Noël. L’hiver d’Afrique,
Cet hiver aux avrils pareil,
Fleurissait dans l’air balsamique;
Sous les dorures du soleil.

J’allais là-haut chercher des cartes.
Une coutume d’autrefois
Voulait que l’on jouât les tartes,
Les fèves cuites et les noix.

L’escalier était un peu sombre.
Heureux, je rapportais le jeu,
Lorsque mon pied glissa dans l’ombre
Comme je songeais au ciel bleu.

On dit que, fuyant le suaire,
Parfois, la nuit, un trépassé
Hante sa chambre mortuaire
Pour y revivre le passé.

Et ces macabres escapades,
Voyez comme on les nie à tort:
Je sens fuir mes pensées malades
Vers l’escalier où je suis mort.

Marius Scalesi

 

 

Une réflexion sur « L’Accident »

  1. Un beau florilège .

    Pour un février toujours trop long quoique réduit.

    Mars s’attend
    Espoir.
    Mars se fait désirer .
    Avril, Mai, Juin, l’été aussi
    Évidemment
    Les conjonctions et autres conjugaisons possibles restent à observer de près.

    Hasta pronto

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