L’orgue de barbarie

L’orgue de Barbarie

Moi le joue du piano
disait l’un
moi le joue du violon
disait l’autre
moi de la harpe moi du banjo
moi du violoncelle
moi du biniou…moi de la flûte
et moi de la crécelle
Et les uns les autres parlaient parlaient
parlaient de ce qu’ils jouaient.
On n’entendait pas la musique
tout le monde parlait
parlait parlait
personne ne jouait
mais dans un coin un homme se taisait:
« et de quel instrument jouez-vous monsieur
qui vous taisez et qui ne dites rien? »
lui demandèrent les musiciens.
« Moi je joue de l’orgue de Barbarie
et je joue du couteau aussi »
dit l’homme qui jusqu’ici
n’avait absolument rien dit
et puis il s’avança le couteau à la main
et il tua tous les musiciens
et il joua de l’orgue de Barbarie
et sa musique était si vraie
si vivante et si jolie
que la petite fille du maître de la maison
sortit de dessous le piano
où elle était couchée endormie par ennui
et elle dit:
« Moi je jouais au cerceau
à la balle au chasseur
je jouais à la marelle
je jouais avec un seau
je jouais avec une pelle
je jouais au papa et à la maman
je jouais à chat perché
je jouais avec mes poupées
je jouais avec une ombrelle
je jouais avec mon petit frère
avec ma petite sœur
je jouais au gendarme
et au voleur
mais c’est fini fini fini

je veux jouer à l’assassin
je veux jouer de l’orgue de Barbarie. »
Et l’homme prit la petite fille para la main
et ils s’en allèrent dans les villes
dans les maisons dams les jardins
et puis ils tuèrent le plus de monde possible
après quoi ils se marièrent
et ils eurent beaucoup d’enfants.
Mais
l’aîné apprit le piano
le second le violon
le troisième la harpe
le quatrième la crécelle
le cinquième le violoncelle
et puis ils se mirent à parler parler
parler parler parler
on n’entendit plus la musique
et tout fut à recommencer!

Jacques Prévert

2 réflexions sur « L’orgue de barbarie »

  1. Bis d’un soir , après les crimes.

    Sage Atahualpa Yupanqui (point du tout barbare ) guitariste, auteur compositeur, interprète :
    { Celui qui se met à crier n’entend pas son propre chant }.
    Trad de l’argentin en 2016.
    Véronique C Chastelier

    On pourrait peut être lui associer un alter ego français , mais inversé :
    Celui qui se met à danser accepte de dire.

    Et au féminin :
    Celle qui se met à penser n’est plus soumise.

    À « l’enfantin » qui a grandit en eux, en elles :
    Celui ou celle qui a rencontré le tragique trop tôt , précoce restera jusqu’à la fin.

    Conclusions :
    Danser -Penser
    Etre Dense – Panser
    Chanter- Dire
    Sublimer ,
    Relèvent d’une même énergie
    Mais on le comprend après un long moment de travail,
    un long temps de solitude.
    Et alors : on est guéri , on peut continuer autrement .

    Celui qui se met à panser n’immobilise pas son avenir.
    Celui , Celle qui s’autorisent à se réparer ne fige pas la douleur, Ils & Elles la diluent en mosaïques de lueurs.

    Véronique C Chastelier

  2. Suis allée dans mon secret
    Suis allée retrouver ma terre
    Suis allée rejoindre mes pairs
    Gens de peu
    Gens heureux
    Suis allée entendre
    Suis allée écouter
    La Langue de l’Amour
    Comme disait le poète
    Le Ciel s’est éclairci
    Il faisait pourtant humide
    En cette forêt landaise
    En son creux intime et secret
    Au bord de ses eaux fer & sable
    Écoutant les grenouilles
    Regardant la voûte céleste
    Tout un Monde
    Oc
    Floc
    Pluvieuse Rosée
    Heureuse libellule
    En son vol mutin
    Pour ce retour
    Un beau
    Très beau
    Matin
    Victoire sur le passé
    Sur le chagrin

    La maison de l’airial
    Majestueuse
    Immuable
    M’attendait là
    Croire qu’elle me souriait
    Clic : photo au soleil levé à l’Est
    Clac : mon cœur se faisait bruyant
    Le Félix & La Marie
    Mes deux romantiques
    Préférés …
    La chevelure libérée
    La Marie à sa fenêtre :
    Merveille de l’instant arrêté
    Par un Félix amoureux
    Poète mélancolique
    Poète constant

    Ce serait cela la vie heureuse.
    Les cheveux libres au vent
    Le regard au loin
    À la fenêtre
    Ouverte sur les arbres
    Ouverte à l’heure matinale
    Où tout est possible

    Un petit matin
    Là-Bas …
    Ou Ici
    Une nuit
    De rayon vert
    À l’horizon
    De Cordouan…

    Véronique
    Post Scriptum:
    Avant l’arrivée prochaine ici , des mots ardents de Félix Arnaudin l’ethnologue poète phitogeaphe collecteurromantique , de retour, dans ses Landes au XXIèmeS fébrile

Les commentaires sont fermés.