Temps mêlés

Temps mêlés

oubli et roses entonnent le chant des temps mêlés
violet
je bois encore à la santé de la mort
un vin glacé
et serre ma gorge avec une gerbe de douleur et de joie
criant coupable et traînant
comme nul cheval ne peut le faire
ton sourire calme entre les arbres

ainsi finit tout amour et craque tout ciel énorme
ainsi m’en vais-je par le poème démâté
vers un atoll d’amertume
couleur de tes pupilles et de marbre

faites évacuer mon cœur
terre cancéreuse
visez mon front entre les rides

et regardez sous les ourlets
un autre déchiqueté qui ne parle plus.

Mohammed Khaïr-Eddine (1941-1995) – Ce Maroc !(Le Seuil, 1975)