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I
Souviens-moi
à voix basse
de l’ombre encore
dans l’enclos
et toujours
souviens-moi
les yeux mi-clos
du jours dehors
prêt à bondir
Oui
Souviens-moi
inlassable
de la clairière du poème
II
Souviens-moi
Souviens-moi
aux boucles des matins
empoignés sans douceur
souviens-moi du soleil
tantôt levé tantôt couché
comme d’une sueur de bête
arquée sur la mer
Souviens-moi
du silence
de l’eau jugulée
III
Souviens-moi
Souviens-moi
de la peau qui crisse
d’être froissée
souviens-moi
du fouet de la lumière
et des lanières d’orage
qui fauchent les fiertés
Inlassable
Souviens-moi
de la verte chanson
des serpents
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IV
Souviens-moi
Souviens-moi
des étés accablants
et des champs secs
souviens-moi
de la nuit qui vient
sans un soulagement
pour les hommes dressés
Inlassable
Souviens-moi
du feu de foin
dans l’air
V
Souviens-moi
Souviens-moi
de la houle au ventre
des rencontres
souviens-moi
des gares et des yeux crus
dans une odeur
d’écharpe rouge
Inlassable
Souviens-moi
des arbres
d’alliance
VI
Souviens-moi
Souviens-moi
d’un triangle nu
à l’encolure des chemises
souviens-moi
des pluies fades
et du vent mou
qui aiguisent le chagrin
Inlassable
Souviens-moi
des gestes fiancés
au premier soir
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VII
Souviens-moi
Souviens-moi
avec l’âge qui avance
inexorable et patient
souviens-moi des laisses de goémon
et de l’huître ouverte
dans un ciel d’écailles
Inlassable
Souviens-moi
d’une cadence
de hanche étroite
VIII
Souviens-moi
longuement
à bouche bue
de la blancheur des mains
sur un livre
et toujours souviens-moi
à peau éprise
du lierre des mots
oubliés
Oui
Souviens-moi
inlassable
d’un désir enroulé
à la langue
d’algues brunes.
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Mérédith Le Dez
Cavalier seul
Editions Mazette, 78372 Plaisir