Rebâtir les jours
S’ils écoutent mon appel au seuil de l’été
je leur dirai comment les rêves achèvent le cœur
comment les nuits éperdues s’ouvrent
sur la dispersion des jours
Rebâtir ces jours
contre une vanité annoncée
un printemps lapidé
Rebâtir les jours
à genoux
fasciné par l’existence
par un cri d’enfance
égaré dans la guerre
Attirée par un esprit confus
mon attente s’éloigne
et traverse simplement la pluie sur la colline
Rebâtir les jours
comme si tout était prêt
Ces époques tatouées sur l’argile
l’encens, le violon, la voix et la flûte du chagrin
et pourtant
tu n’es pas venue avec ton châle brodé de sable
Nous étions morts-vivants
silencieux dans les entrailles de la douleur
Souvenir d’une défaite
où des gens couraient
et je te cherchais parmi les pendus
et les visages des soldats démoniaques
Rebâtir les jours
avec la brise
et l’habitude
l’aube renaissait
pénétrant le vide
et je ployais
Rebâtir les jours
à genoux
à la maturité du fruit défendu
je m’écaille
malgré cette averse démentielle
qui trempe l’âme des morts
Rebâtir les jours
à genoux
lorsque l’horizon se noie dans la crue du ciel
et que la forêt n’est plus qu’une flaque brûlée
Je serai de cette génération qui marche à l’envers
portant son arche sur sa tête
Salah al Hamdani
Marrakech, mai 2012