Naissance de la parole
Nœud sur nœud.
Pierre sur pierre.
Forêt pétrifiée,
gel.
Nœud sur nœud.
Pierre sur pierre,
de pierre aussi nous deux.
La nuit fume.
La parole s’arrache à l’obscur.
Du charbon bleu brûle dans ses entrailles.
Ô toi qui n’existe que par ton absence,
tu berces le ciel
tu fais tourner la terre.
Ô toi qui n’existes que par ton absence,
la terre gémit sous les dalles de pierre.
Ivre de ses propres morts,
la parole surgit
qui brise toutes les tempes.
Nœud sur nœud.
Pierre sur pierre.
Au jour le jour je creuse ma tombe.
Éventre-moi
malédiction,
toi, enceinte de pierre,
que me brûle le charbon
de la parole, que je fonde.
Aco Šopov
Traduction : Jasmina Šopova et Edouard J. Maunick