L’infini n’existe pas

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L’infini n’existe pas…

L’infini n’existe pas :
l’infini est la surprise de nos limites.
Nous constatons notre impuissance
Et après la prolongeons au plus loin de l’image, dans l’idée,
Ainsi nait l’infini.
L’infini est la douleur
de la raison qui assaille notre corps.
L’infini n’existe pas, mais l’instant oui :
ouvert, intemporel, intense, dilaté, solide ;
en lui un geste se fait éternel.
Un geste est un trajet et une trajectoire,
un estuaire, un delta de corps qui confluent,
plus qu’un trajet, un point, un éclatement,
un geste n’est le début ni la fin de rien,
il n’y a pas de volonté dans le geste, sinon un impact ;
un geste ne se fait pas : il arrive.
Et quand quelque chose arrive il n’y a pas d’échappatoire :
tout regard a sa place dans l’éclatement,
toute voix est un signe, toute parole fait partie du même texte.
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No existe el infinito…

No existe el infinito:
el infinito es la sorpresa de los límites.
Alguien constata su impotencia
y luego la prolonga más allá de la imagen, en la idea,
y nace el infinito.
El infinito es el dolor
de la razón que asalta nuestro cuerpo.
No existe el infinito, pero sí el instante:
abierto, atemporal, intenso, dilatado, sólido;
en él un gesto se hace eterno.
Un gesto es un trayecto y una trayectoria,
un estuario, un delta de cuerpos que confluyen,
más que trayecto un punto, un estallido,
un gesto no es inicio ni término de nada,
no hay voluntad en el gesto, sino impacto;
un gesto no se hace: acontece.
Y cuando algo acontece no hay escapatoria:
toda mirada tiene lugar en el destello,
toda voz es un signo, toda palabra forma
parte del mismo texto.
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Chantal Maillard (Espagne)