Le pain dur

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Le pain dur

Boire mon insomnie jusqu’à la dernière goutte.
Fuir à travers champ, les bras grands ouverts.
Savoir de quelles angoisses naissent mes poèmes.
Déchirer ma robe avec douleur et sans larmes.
Mordre le pain dur de l’égoïsme d’autrui.
Me noyer dans le tumulte qui assaille mes entrailles.
Abandonner le théâtre qui m’est offert au quotidien.
Accrocher mon désamour à un collier de givre.
Planter dans ma pelote des aiguilles rouillées.
Briser les heures qui me pèsent sur les tempes.
M’enfoncer peu à peu avec ce poids que l’on m’impose.

Attendre le moment ou le fiel explosera
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El duro pan

El insomnio beberme hasta la última gota.
Huir campo a traviesa, de par en par los brazos.
Conocer de qué angustia me llegan mis poemas.
Desgajarme el vestido con dolor y sin lágrimas.
Morder el duro pan del egoísmo ajeno.
Ahogarme en el tumulto que por dentro me invade.
Salirme del teatro que a diario me ofrecen.
Prenderme el desamor con un collar de escarcha.
Clavar en mi acerico oxidadas agujas.
Hacer trizas las horas que en las sienes me pesan.
Hundorme poco a poco con este peso impuesto.

Aguardar el momento en que la hiel reviente.
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Maria Victoria Atencia

Marta & Maria
R. León ed., Málaga, Impr. Dardo, 1976.
Traduit de l’espagnol par Claude de Frayssinet
In Poésie espagnole, Anthologie 1945 – 1990
Actes Sud /Editions Unesco, 1995