Le jeu d’amour
Il allait pleuvoir.
La pluie lui faisait penser
Aux coquelicots
Qui s’émerveillent
Devant leur propre beauté
Si fraîche et subtile,
Mais il suffit
Qu’une main les arrache
Afin d’embellir un décor,
Pour qu’ils deviennent meurtris.
La pluie plaisantait. chantonnait, son cœur chavirait.
Mais il suffisait qu’elle tombe sur terre et
Son sourire s’effaçait,
Sa nonchalance disparaissait.
Elle était assise à l’arrière
Dans un taxi.
La nuit approchait à petit pas.
Elle tenait à ce que ce voyage ne se termine pas,
Car quand vous confiez votre corps
Au siège d’un taxi,
Vous lui confiez vos secrets et vos blessures,
En échange de votre liberté rêvée.
Elle entrait dans une demeure
Comme on entre sur une scène
Pour la première représentation
D’un spectacle.
D’emblée, elle comprenait
Que si leurs douceurs respectives se reconnaissaient.
Si leurs bouches jetaient l’une sur l’autre
Des regards sincères et droits,
Si leurs mains fermées à clé s’ouvraient,
Ils s’enflammeraient l’un pour l’autre.
Le dîner coulait, fluide.
La radio chantait :
« Je vous aime parce que vous êtes mélancolique. »
Elle rentrait les mains fermées à clé
Au petit matin
Qui ressemblait
Aux coquelicots arrachés,
À la pluie tombée.