Leopardi
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La Nuit, cette demeure
La nuit, cette demeure
où l’homme se trouve
et il est seul,
sur le point de mourir et de se mettre
à marcher par d’autres airs.
Le monde va perdre des nuages, des chevaux,
il vacille,
s’étonne,
se défait,
tombe comme aux bords du désir
mais déjà à l’écart du miracle.
L’espoir lentement
revêt sa peau d’oubli.
Je ne vois pas au-delà
d’un nom que j’ai appelé
lettre à baiser à caresse
à rose ouverte à vol aveugle à larmes.
Et comme tout est dépossédé,
tout d’un pied juste
afin de toucher la terre obscure,
le ciel devenu creux sans voix
et sans rivages,
je ne suis plus déjà la pauvre,
évaluée entre des airs mortels, mélancoliques,
corps aveuglé de lumière ou simple larme.
Ce que cette mer, cette ombre croissante
perd peu à peu
vient se sauver en moi,
nuage toujours,
cheval bleu,
ciel éternel.
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La noche, esta morada
La noche, esta morada
donde el hombre se encuentra
y está solo,
a punto de morir y comenzar
a andar en aires otros.
El mundo va a perder nubes, caballos,
vacila,
se asombra,
se deshace,
cae como en los bordes del deseo
pero ya sin milagro.
Despacio la esperanza
viste su piel de olvido.
No veo más allá
de un nombre que he llamado
letra a beso a caricia
a rosa abierta a vuelo ciego a llanto.
Y como todo está desposeído,
todo con el pie justo
para tocar en tierra oscura,
el cielo vuelto un hueco sin voz
y sin orillas,
ya no soy yo la pobre,
medida entre mortales, melancólicos aires,
cuerpo cegado de luz o de simple lágrima.
Lo que este mar, esta crecida sombra
va perdiendo,
viene a salvarse en mí,
nube siempre,
caballo azul,
eterno cielo.
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Ida Vitale (Uruguay)
(née à Montevideo en 1923) – La luz de esta memoria (1949) – Ni plus ni moins (Seuil, 2016) – Traduit de l’espagnol (Uruguay) par Silvia Baron Supervielle & François Maspero.