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Mi destai d’improvviso
Mi destai d’improvviso, ero solo.
Conobbi l’assiuolo ai ciechi gemiti,
che dal cielo suonavano vicini,
sopra il mio petto.
Con quel canto fui vivo nel silenzio;
ma, perduto nei sogni, del mio corpo
nulla restava se non una memoria
triste e delusa.
E anche tu, memoria non immagine,
su di me, su quel canto sovrastavi
e facevi mortale quel silenzio,
senza apparirmi.
M’eri dissolto, quasi, nella stanca
carne, nei sogni; una mortale larva
che sopravanza questa vita; eppure
ti amavo sempre.
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Je me suis soudain réveillé
Je me suis soudain réveillé, j’étais seul.
J’ai reconnu le petit-duc, à ses gémissements aveugles,
Qui du haut du ciel semblaient tout proches,
Au-dessus de ma poitrine.
Avec son chant, je me suis retrouvé vivant dans le silence ;
Mais perdu dans mes rêves, de mon corps
Rien ne restait qu’une mémoire
Triste et déçue.
Et toi aussi, mémoire et non image,
Tu me dominais, tu dominais ce chant,
Et tu rendais mortel ce silence,
Sans m’apparaître.
Tu t’étais dissipée en moi, pour ainsi dire,
Dans ma chair lasse, en rêve. Un spectre mortel
Qui terrasse cette vie. Et pourtant
Je continuais de t’aimer.
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Pier Paolo Pasolini
(1922-1975) – Adulte ? Jamais (Points, 2013) – Traduit de l’italien par René de Ceccatty.