Rouges le trait l’écriture
Saillants sur le vif
Le poids du monde enclavé
Le détourner d’un son d’une voyelle
Le broyer en fines particules
Et ensoleiller le vivant
Ta peur endormie
Ton glaive porteur de beauté
Réveiller la soif sous la glaise
Rouler la boue son chant sourd et lent
Malaxer son rêve enfoui
Sa durée plaie vive encore enterrée
Prise entre les phrases leur miel
Et qui saignent entre les herbes
Le vent te tient assurée d’un envol
Qui sera ce cri cette voix
Sur le devant de l’étang sa houle
Et tu portes le sang et le sens au-delà des rives
Giratoires sur les soirs enfumés crépusculaires
Si leur rougeoiement sillonne
Les champs levés le soc des charrues
La voie les mots creusés leur haleine
Le chaud des éclats de salive sur le sel
Et tu parles tu écris sur la mer ses décombres
Dans une mise au net de ses créatures amphibies
Quand la double langue le métal le cercle
De l’aveu brisent le temps étranger
Du soluble dans l’air des parois broussailles anonymes
Quand messagère fascinante fascinée au centre
Tu lèves le voile des cimes.
Jeanine Baude
édition
printemps des poètes, 2015