Ici l’heure

ici l’heure

ici l’heure
ne garde
ni n’égare

ici l’herbe
se repose
des ruines

que j’arrive
ou que je
parte

rien ne se
modifie

ne change
l’éternité

de l’invisible
maître
du désert

je suis
l’inassouvi
désir

j’ai prononcé
la syllabe
de ton nom

j’ai ressenti
les lueurs
de tes yeux

j’ai reconnu
l’éclipse
de ta face

sans relâche
je dresse
un échafaudage

dont la planche
s’effondre
après le pas

j’ai abandonné
ma langue
et j’ai marché
longtemps

même le rythme
de mon pas
je le quittais

même le son
de mon silence
je le perdis

même à moi
revenue
je reste
partie

Silvia Baron Supervielle
Après lepas
©Arfuyen