Fille du vent

 

 

Fille du vent

Ils sont venus
Envahissent ton sang,
sentent la plume,
le dénuement,
les pleurs.
Mais tu nourris la peur
et la solitude comme deux petits animaux
perdus dans le désert.

Ils sont venus
incendier l’âge du rêve.
Ta vie est un adieu.
Mais tu te refermes sur toi
comme le serpent fou de mouvement
qui n’attrape que lui
car il n’y a personne d’autre.

Les pleurs te font pleurer,
tu ouvres la boîte de tes désirs
et tu es plus riche que la nuit.

Mais il y tant de solitude
que les mots se tuent.

Hija del viento

Han venido.
Invaden la sangre.
Huelen a plumas,
a carencias,
a llanto.
Pero tú alimentas al miedo
y a la soledad como a dos animales pequeños
perdidos en el desierto.

Han venido
a incendiar la edad del sueño.
Un adiós es tu vida.
Pero tú te abrazas
como la serpiente loca de movimiento
que sólo se halla a sí misma
porque no hay nadie.

Tú lloras debajo del llanto,
tú abres el cofre de tus deseos
y eres más rica que la noche.

Pero hace tanta soledad
que las palabras se suicidan.

Alejandra Pizarnik

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.