Épitaphes aux couleurs vives

Épitaphes aux couleurs vives

Mer, conte changeant de la nuit mauve
Où dort encore le petit fanal d’un oiseau
Rouge. Feu aux tempes ; Dans les maquis
étroits d’un cœur qui tremble et s’étreint.
Au matin quand la marée décroît
Un peu plus que de déraison, flux reflux
Détroit étrange que ce corps et ses maux
Ulcérés de soleils vivants, torrides sous la mémoire

Maintes fois retenus par le poids de la lune
A distance de main, attraits tendus
Nocturnes sous la nuisette du poème
Soulevé par des mots très simples.

***

Cerise tendue de rouge sous la dent,
L’île encore une fois au bord du jardin.
À un jet de pierre dans l’ombre d’un cormoran
Un cri à peine pour l’éclat d’une sterne
Devenue trop blanche pour voler
Et paraître immobile aux nuages.

Aujourd’hui le sentier qui mène au bois
Vague de mon souvenir
Écoute les rumeurs de la mer
Lit dans les empreintes laissées au sable
Improbables traces d’une vie qui tremble
Néanmoins. Comme le fait la nuit
qu’épicent les salicornes.

***

Géographe entre mer et terre
Un mot lancé comme un filet contre le ciel
Inversé, l’oiseau remplacé par son chant
Libre de vol et de silence
Levé au coeur du corps
Enlevé dans la courbure des mots
Voilà le texte, l’encre rare sur le blanc et
Imaginé le poème, bref
Composé d’eau, de terre, de rocs

***

– Mais où allez-vous ainsi Monsieur Max ?
– A Paris je m’en vais benoît, Saint né sous
X ; benêt du roi

Je m’en vais silencieux, vêtu de mots qui danse
A l’aube je m’endors à l’ombre des romances.
Collines de la mer perdues dedans Quimper
Oh l’enfance et les jeux ; Tous les mots qu’on y sert
Bon pain bleu de soupirs, de joies et de misères.

Jean-claude Tardif
Table des Poètes