elle ne dit rien. ne regarde rien. n’entend pas. elle perçoit des paroles qui ne sont pas encore dites. verse des mots sur une falaise où elle s’est allongée. elle les abandonne au sol accueillant. elle écoute le jour passer sous l’infime forme d’une présence. elle l’entend prolonger les mots dans la grandeur des corps curieux. elle est minuscule sous les diverses vibrations des lettres. la parole a déserté son corps. or, les sons s’y amusent. l’amusent et la régalent. y sont restées les vibrations de maintes mélodies aimées. la dernière fois que quelqu’un a entendu un son sortir de sa bouche sous la forme de mots c’était au printemps. il y a deux mois. elle avait dit plus jamais.
Marie Rousset
Les carrés de Rima
coll. « Propos poche », L’Attente, 2021