Dormeuse
Dormeuse, te voici lourde de volupté.
Un fil de songerie erre au coin de ta bouche
Je contemple parmi les trésors de ta couche
La chaste nudité du corps que j’ai sculpté.
Mes doigts vont effeuilleur sur tes paupières closes
Les multiples splendeurs de mon nouveau printemps.
Le mois de mai royal s’est couronné de roses
Et des pétales d’or jonchent le clair étang ;
L’aube nous surprendra dans l’heureuse défaite :
Immobile, le bras replié sur ta tête,
Je n’invoquerai point la grâce du soleil.
Dors, ma Princesse, dors. Sur ta nuque d’ivoire
Se déploie, impalpable, et la soie et la moire
Qui tisse entre nos corps le charme du sommeil.