A Léopold Sédar Senghor
Quand sonne l’heure, au secret de la conque
De nouveau, verdit le Sahara
Comme aux temps de la gloire capsienne,
Du Tassili ivre de ses fresques
De Sijilmassa, grand emporium des sables
Ouvert à toutes transhumances.
De Tombouctou, Jardin éclos
Autour de l’Arbre de la Connaissance
Quand sonne l’heure, écoutons l’appel des sirènes.
Carthage parle à Joal
Et la rumeur des vagues à Popenguine
Se répercute dans le rivage des Syrtes
Nos paroles croisées
Ont, longtemps, tatoué la mer
Comme, en leur envol,
Les colombes calligraphiaient le ciel.
Et dans la plume des moissons, dériver
Cavales de pollen
Les légions pacifiques du Poème
Pour d’impérieuses fécondations.
Feu et neige sur la coiffe du Kilimandjaro
Le Poème
Poisson d’or dans les eaux-mères du Congo
Pierre lisse caressée par les marées océanes
Touffe d’herbes nichée au creux des remparts
Haleine des alizés
Vol ensemencé des abeilles
Question du Sphinx sculptée au flanc des falaises
Le Dit de Kaya Magan
Yeux fertiles du Signare
Racine du baobab, chevelure du palmier
Le poème en ses métamorphoses
Il dit :
Continue ton chant, Poète
Car si tu cesses d’apprivoiser la mer
Qui, jamais, pourra nous prévenir du Déluge ?