La peste

La peste

Dans la rue un pas retentit. La cloche n’a qu’un seul
battant. Où va-t-il le promeneur qui se rapproche
lentement et s’arrête par instant ? Le voici devant
la maison. J’entends son souffle derrière la porte.

Je vois le ciel à travers la vitre. Je vois le ciel où les
astres roulent sur l’arête des toits. C’est la grande
Ourse ou Bételgeuse, c’est Vénus au ventre blanc, c’est
Diane qui dégrafe sa tunique près d’une fontaine de lumière.

Jamais lunes ni soleils ne roulèrent si loin de la
terre, jamais l’air de nuit ne fut si opaque et si
lourd. Je pèse sur ma porte qui résiste…

Elle s’ouvre enfin, son battant claque contre le
mur. Et tandis que le pas s’éloigne je déchiffre
sur une affiche jaune les lettres noires du mot « Peste ».

Robert Desnos

(Contrée)

2 réflexions sur « La peste »

  1. Un Grand muchas gracias pour kes deux Roberto :
    Ruines & Vertiges
    Vestiges & Voix d’outre ciel , d’outre terres :

    Juarroz et ses verticales ( toutes sont très parlantes ou silencieusement éloquentes).
    Et Desnos le grand poète lucide;

    toujours Vivants .

    V C C

  2. Extrait de la lettre de Robert Desnos pour l’anniversaire de Youki :
    <>
    Légende d’un dormeur éveillé
    Gaëlle Nohant
    Éd. Heloïse d’Ormesson
    Roman
    2017

Les commentaires sont fermés.