Fin d’année

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Fêtes inquiètes du solstice d’hiver,
Musiques d’ambiance sur fond de commerce,
pas vraiment équitable,
Hannoukha ou Noël chrétien,
On sort du monde de la nuit…

Sirop de chansons aux harmonies sucrées,
Comme chaque année, on aime ça,
Comme un baume, haut-parleur, haut les cœurs,
Ça colle. Bon comme le miel.

Les bourrasques enfumées au dioxyde de carbone,
Créent cet hyper mouvement,
C’est pas pour rien si cette ville,
lnspire aspire autant le cinéma.

Tags et posters sur les avenues piétonnes,
Aux humeurs chahutées,
Codes barres en relief,
Crise de délire pour les clients rois.

Illuminations, vertiges et cartes de crédit,
Fièvres civiles qui embrasent le commerce,
Tumultes et mots de passe, auréoles sur les murs,
Le tout confondu en un grand tohu-bohu.

Dans le cône saturé d’un haut-parleur grésillant,
Un crooner entonne un cantique doux,
Pour la Salvation Army. Il tend la main.
Quelques pence en cuivre tintent dans sa tirelire en fer

Oh, courants d’air de vertu et chapeau sur la tête,
Pour les anges du pêché qui le savent même pas,
Incantations et pensées généreuses
Qui ne soulèvent aucune question dans l’absolu.

Fin d’année des damnés à Time Square,
Comme à Piccadily,
Ou à Saint-Germain-des-Prés,
Ou dans les Hackesche Höfe de Berlin.
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Passer son temps à passer à travers,
Comme un bois flottant dans le courant des gens,
Comme une poussière de fantômes,
Dans les courants du vent.

C’est partout pareil,
Le monde entier voudrait qu’on l’écoute,
Lieder nocturnes en Rhénanie,
Complaintes et spleen français.

Impros raga sur des tablas,
Ou des poèmes au sarangi,
Reggae gay d’Haïti,
Hot salsa de Cuba.

Indians blues de John Trudell,
Rebetika de Tsitsànis,
Flamenco de Camaron,
Ou les fados de C. Paredes.

Un essaim de fans hystériques hurle pour un autographe,
Regard de renard de Jay-Z de passage à Time Square,
Blink en passant, furtif, sous les projecteurs portables,
Fascination éphémère, on a besoin des insectes.

Marcher en claudiquant, la cheville bandée,
Pas d’endroit où aller il a plu tout à l’heure,
Fait vraiment froid ce soir, dure réalité,
Comme un pense-bête à un bout de ficelle ?

La jambe bleue, le bout des doigts violets
Un fat man affalé contre un mur à l’abri,
Boit un fond de Miller,
Avant de replonger dans un sommeil grognon.

Se replier sur soi, refouler sa peur,
Craindre de ne pas être, être à la hauteur,
De ses ambitions :
Il y a ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas.
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CharlÉlie Couture

NYC, décembre 2007.
La mécanique du ciel, “Curiosa &Cœtera”, Le Castor astral