Mes veines et mes vers
Mes veines et mes vers suivent même chemin
Et, descendant du cœur, serpentent vers ma main.
Plus humble, chaque jour, de tout ce que je quitte,
Puissé-je retenir le peu qui ressuscite.
L’on vit autour de moi, je ne vis plus qu’en vers,
Ma maison Poésie est ma seule demeure,
Elle donne du ciel aux plus secrètes heures
A mon jardin toujours renouvelé de vert.
Jules Supervielle (1884-1960) – Dix-huit poèmes (Seghers, 1946)